Quand on parle de pêche au leurre en France, le nom de Tanguy Marlin revient souvent, que ce soit dans les compétitions de haut niveau ou dans les discussions techniques autour du matériel. Pourtant, derrière ce nom devenu familier dans le milieu, se cache une histoire de passion, de persévérance et d’évolution. Rencontre avec un pêcheur qui a transformé son amour pour l’eau en une véritable vocation.
Des berges de la Marne aux premières cannes
Tout commence dans les années 90, à Joinville-le-Pont, sur les rives de la Marne. Enfant, Tanguy passe ses dimanches à pique-niquer au bord de l’eau avec sa famille. « C’est là que la pêche est entrée dans ma vie, au milieu des calicobas et des boîtes de Sensas 3000 », raconte-t-il. Passionné de kayak en parallèle, il grandit littéralement les pieds dans l’eau. Et fait grandir sa passion petit à petit.
Adolescent, il s’inscrit à l’école de pêche de Saint-Maur-des-Fossés et découvre peu à peu les techniques, le matériel et l’esprit de la pêche sportive. Mais c’est un jour d’initiation à la pêche en casting, lorsque Hiroshi TAKAHASHI sort une canne « américaine », que le déclic se fait. «Je l’ai vu lancer. Ça m’a fasciné. J’avais 12 ans et j’ai su que je voulais aller plus loin.». C’est là qu’une grande histoire d’amour avec la pêche au leurre a commencé. Dorénavant, les sessions s’enchaînent permettant à Tanguy de parfaire sa technique.

Tanguy MARLIN, un virus devenu métier
À 17 ans, diplôme d’aquaculture en poche, Tanguy MARLIN est embauché chez Yellow Bass, une petite entreprise qui importe les premiers leurres japonais en France avec, notamment, la marque LuckyCraft. Il y découvre tous les rouages du métier : logistique, marketing, SAV, fiches techniques… un vrai couteau suisse. « On faisait tout, c’était artisanal mais formateur. ».
Ce poste marque le début d’une carrière atypique, où sa passion se conjugue à son quotidien professionnel. Aujourd’hui, il est chef de produit chez Sakura, l’une des principales marques françaises de matériel de pêche. Avec son collègue Franck Rossmann, il conçoit, teste et améliore des cannes et des leurres destinés au grand public comme aux compétiteurs.
De la compétition à la conception
Tanguy n’a jamais quitté la scène de la pêche sportive. Il a enchaîné les podiums, les binômes (avec Guillaume Martinaud, Jean-Christophe DAVID, …), et les destinations. Mais au-delà des résultats, ce qu’il retient, ce sont les moments humains : «Les plus belles pêches, ce sont celles partagées. Les aventures à l’étranger, les victoires où tout s’imbrique parfaitement, c’est ce qui reste.»
Cette expérience de terrain lui donne un avantage précieux dans la conception des leurres : il sait ce qui fonctionne, ce que recherchent les pêcheurs, ce que l’on ressent au bout de la ligne. «Tester un prototype en action, l’améliorer, comprendre pourquoi ça marche ou pas, c’est ça qui me passionne.»

Un œil sur l’environnement
Tanguy n’est pas dupe sur les contradictions du secteur. Il déplore la quantité de plastique, les importations massives, et l’indifférence de certains consommateurs. «L’écologie, tout le monde en parle…mes les clients s’en foutent»
Chez Sakura, il milite pour des matériaux plus propres (PVC sans phtalates, têtes plombées en zinc ou inox), des packagings 100 % recyclables, et des produits durables. Mais il constate aussi la difficulté : «On vend trois fois moins un produit écoresponsable, même s’il ne coûte que deux euros de plus.»
La vision d’avenir de Tanguy MARLIN

Tanguy Marlin incarne une génération de pêcheurs professionnels qui ne veulent pas choisir entre performance, plaisir et conscience écologique. Pour lui, la pêche est une aventure humaine, un sport exigeant, mais aussi un lien profond avec la nature. « Respectons les poissons, les périodes de reproduction, la rivière. Ce n’est pas un jeu vidéo, c’est un milieu vivant. »
Des berges de la Marne à Socotra, des cannes de compétition aux leurres recyclables, Tanguy trace sa route, à la fois ancrée dans la tradition et tournée vers l’avenir.
Article issu de mon interview de Tanguy MARLIN