À 28 ans, Tanguy Grandmougin, connu sous le pseudonyme Halieutique GDN sur les réseaux sociaux, incarne une success story peu commune dans le monde de la pêche à la mouche. Cet ancien ingénieur a pris le pari fou de vivre de sa passion : le montage de mouches et la traque des grosses truites.
Un parcours atypique, de l’ingénierie à l’étau
Originaire de Franche-Comté et désormais installé au bord de la rivière mythique Loue dans le Doubs, Tanguy a découvert la pêche dès l’âge de 4 ans grâce à son père. Mais c’est à 18 ans qu’il reçoit sa première canne à mouche et bascule véritablement dans cette discipline exigeante.
« Ma première année, je crois bien que j’ai pas fait une truite« , confie-t-il avec humilité dans cette interview vidéo passionnante. Un échec qui ne l’a pas découragé, bien au contraire. Sa rencontre déterminante avec Cédric Nolin, qu’il considère comme « un des plus grands pêcheurs à la mouche« , va tout changer.

La révélation : quand la technique rencontre la passion
Cette rencontre fortuite au bord de la Loue, dans le célèbre bois de Moutier, lui ouvre les yeux sur les subtilités de la pêche en nymphe à vue. « Le mec au premier lancer il posait parfaitement, il l’a pris, et je me suis dit : ça fait 20 minutes que je suis dessus, j’arrivais pas. »
Cédric Nolin lui transmet alors une technique fondamentale : le « posé paquet », mais surtout une philosophie de la pêche basée sur l’observation minutieuse et la précision du geste. Un conseil marquant pour gérer le stress face aux gros poissons : s’entraîner sur de gros barbeaux pour « à chaque fois que tu prends une grosse truite, tu penseras que c’est un gros barbeau. »
De la passion au métier : 120 mouches par jour
Diplômé en poche, Tanguy GRANDMOUGIN fait le choix radical de vivre de sa passion. Installé devant son étau 8 heures par jour, il produit entre 80 et 120 mouches quotidiennement. Sa philosophie ? Se concentrer sur des modèles éprouvés plutôt que de se perdre dans l’originalité : « Dans la pêche à la mouche, on n’invente plus rien, pratiquement tous les modèles ont été faits. Moi, je les reprends et je les optimise à fond. »
Ses mouches, vendues en France et à l’étranger (Espagne, Canada, Suisse), suivent une logique simple mais redoutable : 5-6 modèles par technique (nymphes à vue, nymphophile, sèches, streamers), tous pensés pour « prendre du poisson » plutôt que pour impressionner.
Le spécialiste des géantes : quand 60 cm devient la norme
Tanguy s’est forgé une réputation de traqueur de grosses truites. Pour lui, « les grosses truites, c’est des poissons qui font 60 cm, 65 cm, 70. » Son record ? Une truite sauvage méditerranéenne de 75 cm prise en Ardèche, qui lui a permis de franchir la barre mythique des 70 cm.
Sa méthode pour ces géantes relève d’une approche scientifique en trois phases :
1. L’observation (80% du travail) : « Il y a toute une grande phase d’observation qui pour moi fait 80% du job. Je vais repérer, je vais aller dans des endroits qui sont propices. »
2. L’entraînement : « Je vais m’entraîner sans cesse pour avoir le bon lancer et y arriver du premier coup quand la truite va arriver. »
3. Le combat anticipé : « Avant de la ferrer, je sais déjà où elle va aller. La plupart des grosses truites, elles foncent direct sur la berge. »

Des conseils précieux pour progresser
Tanguy n’hésite pas à partager ses secrets. Pour les débutants, il préconise de commencer par la pêche en sèche sur des rivières poissonneuses : « Plus tu attaques de poissons à la journée, plus tu vas t’améliorer. »
Son setup pour les grosses truites ? Du matériel costaud (minimum 16/100, cannes soie de 5 puissantes), des mouches ternes sur poissons éduqués, et surtout des bas de ligne cuits dans l’eau bouillante pour « augmenter l’élasticité » (une technique qui peut sembler anecdotique mais qui témoigne de son souci du détail).
L’humilité du passionné
Malgré ses succès, Tanguy garde les pieds sur terre. Certaines truites résistent à ses assauts pendant des années, comme cette truite de 72 cm pistée 2 ans et demi, ou celle qu’il traque actuellement depuis un mois sans succès. « C’est des poissons, peut-être qu’un jour t’arriveras sur un créneau où elle va être folle, ça peut arriver. »

Cette philosophie de l’échec constructif, cette capacité à apprendre de chaque refus, fait de Tanguy Grandmougin bien plus qu’un simple monteur de mouches ou un pêcheur chanceux. C’est un véritable étudiant de la rivière, qui a su transformer sa passion en expertise, puis en métier.
Dans un monde où beaucoup rêvent de vivre de leur passion, Tanguy prouve que c’est possible, à condition d’y mettre la rigueur, l’humilité et l’acharnement qui caractérisent les vrais passionnés.
Pour découvrir l’intégralité de cette interview riche en conseils techniques et en anecdotes, visionnez la vidéo complète sur la chaîne YouTube de Yann Nabusset (Tous des Tom Sawyer).
Les gagnants du concours :
- Renaud DANIERE
- Benjamin SERENNE
- Math MOLES
Que les GAGNANTS m’envoient leurs coordonnées en MP sur Facebook ou Instagram
La vidéo :