Vincent De Bruyne ne se contente pas de pêcher : il vit la pêche. Depuis plus de 20 ans, il construit son existence autour de l’eau, des poissons, de la nature et de la transmission. Plus qu’un loisir, la pêche est pour lui un mode de vie, un engagement personnel et professionnel. À travers son témoignage, on découvre une trajectoire inspirante, où passion rime avec vocation.
Une étincelle au bord de l’eau
Tout commence simplement : une ligne, un hameçon, un enfant en vacances dans le sud de la France. Vincent n’a pas encore 10 ans lorsqu’il aperçoit des gens en train de pêcher près du bord. Curieux, il se laisse tenter. Ce moment d’enfance devient le point de départ d’une passion durable.
« J’ai essayé une fois, et c’était fini. Le virus était là. »
Ses parents, bien qu’étrangers à cet univers, l’encouragent dans cette voie. Ils l’emmènent au bord de l’eau, improvisent des parties de pêche où l’enjeu n’est pas la prise mais le temps partagé. Peu importe le résultat : un ou deux poissons suffisent à créer des souvenirs impérissables.
La pêche devient pour Vincent un terrain de jeu, de découverte, mais aussi d’apprentissage : de la patience, de l’observation, du lien avec le vivant.

Un parcours orienté rivière
Très tôt, Vincent comprend qu’il veut aller plus loin. Il ne veut pas seulement pêcher, il veut comprendre les rivières, les poissons, les milieux naturels. Il construit un parcours scolaire et professionnel cohérent, toujours centré sur l’eau :
- Stage de 3e dans une structure de gestion aquatique
- Bac technologique en agronomie, avec option environnement
- BTS aquaculture
- Licence professionnelle en gestion des rivières
« Je voulais travailler dans la gestion des milieux aquatiques, comprendre comment fonctionne un écosystème, contribuer à sa protection. »
Ce parcours le mène au Moulin de Sauvage, un domaine privé où la pêche se mêle à la préservation. C’est là qu’il trouve sa voie : il y a de la pêche, certes, mais aussi de la pédagogie, de la gestion environnementale, du contact humain. La pêche devient une profession possible.
Du loisir au métier : devenir guide
En 2006, Vincent franchit le pas et devient guide de pêche professionnel. Sa mission ? Accompagner, transmettre, initier, perfectionner. Il travaille sur la Seine, dans l’Aube, mais aussi à l’étranger : Irlande, Pays-Bas, Espagne, Suède, Brésil, Seychelles, Costa Rica…
Mais malgré les paysages exotiques et les espèces variées, Vincent reste fidèle à une philosophie bien ancrée :
« Je ne prends pas la canne pendant un guidage. Mon rôle, c’est de faire pêcher l’autre. »
Il insiste sur la transmission, sur la pédagogie. Il s’inspire des méthodes anglo-saxonnes : le guide est derrière, il observe, il conseille, mais ne prend jamais la place du pêcheur. Il crée les conditions de la réussite, sans jamais voler le plaisir de la prise.
« Quand mon client réussit, c’est ma victoire. Je pêche par procuration. »
Cette exigence éthique distingue Vincent dans le monde des guides. Il ne vend pas des poissons. Il offre une expérience.
D’un bout à l’autre du monde, la même passion
Vincent a pêché dans des lieux de rêve : les flats cristallins des Seychelles, les rivières tropicales du Costa Rica, les grands lacs d’Irlande. Pourtant, il affirme avec sincérité :
« J’ai autant de plaisir à pêcher un brochet dans la Seine qu’un poisson exotique à 10 000 km. »
Pour lui, ce n’est pas le lieu ou la taille du poisson qui comptent, mais l’émotion vécue. Il peut enchaîner un voyage aux antipodes avec une session sur une gravière locale, sans y voir de contradiction.
Il dénonce d’ailleurs la course à la performance, alimentée par les réseaux sociaux :
« Certains sont frustrés d’une semaine de pêche parce qu’ils n’ont pas sorti un mètre… alors qu’ils ont fait dix superbes poissons. »
Une philosophie de la pêche : patience, humilité, partage
Vincent n’est pas seulement un technicien de la pêche. Il est un penseur du geste. Il milite pour une approche simple, accessible, respectueuse de l’environnement comme des pratiquants.
Il encourage les débutants à ne pas se perdre dans la complexité du matériel, à commencer avec des leurres souples simples, des combos polyvalents. Il valorise le bon geste, le bon moment, la bonne posture.
Et surtout, il rappelle l’essence de la pêche : le lien.
« Je n’aime pas pêcher seul. La pêche, pour moi, c’est avec les autres. C’est partager. »
Que ce soit avec ses clients, ses amis, sa famille ou de parfaits inconnus, il cherche à créer du lien à travers la pêche. Un moment de silence complice, une réussite célébrée ensemble, un conseil transmis avec bienveillance.

Trois destinations coups de cœur
Quand on lui demande ses spots favoris, Vincent hésite. Il aime la France, et cite volontiers :
- Les lacs de la Forêt d’Orient (Aube) pour leur diversité et leur beauté
- La Normandie, pour sa richesse piscicole et ses possibilités pêche en mer et rivière
- Les Alpes, pour leurs grands lacs profonds à brochets
À l’étranger, il recommande :
- Les Pays-Bas, pour la densité et la facilité d’accès au brochet. (Les meilleurs spots de pêche en Hollande)
- L’Irlande, qu’il décrit comme « le pays refuge du pêcheur ». (Nos conseils pour réussir un voyage de pêche au brochet en Irlande)
- La Suède, mais en précisant que la météo peut rendre l’expérience plus difficile
Et au final, il conclut :
« La France est un pays incroyable pour la pêche. Il faut juste qu’on s’en rende compte. »
Une vie entière dans le courant
Vincent De Bruyne n’a pas simplement choisi la pêche. Il a construit sa vie autour d’elle, dans ce qu’elle a de plus noble : la passion, l’écologie, la transmission, l’humilité. Il est à la fois praticien, pédagogue, protecteur.
Son témoignage est une invitation à redonner du sens à nos pratiques, à retrouver le plaisir simple d’une touche, à valoriser les moments plutôt que les mètres.
Et si vous hésitez encore à lancer votre première ligne ? Rappelez-vous ces mots :
« J’ai mis une canne dans mes mains, et c’était fini. »
Peut-être que, comme Vincent, vous ne l’avez jamais vraiment reposée.
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